Société

Recrutement litigeux CNSS : « Si nous appliquons aveuglement la décision de justice nos services vont être paralysés », DG Savadogo

Une quarantaine d’agents de la CNSS a organisé un sit-in «  spontanée » ce 19 juillet 2021 dans la cour de l’institution.  Les croquants exigent l’exécution d’une décision de justice qui est bloquée disent-ils, par le directeur général, Lassané Savadogo.

Munis de sifflets, de pancartes où on pouvait lire « DG dégage », « Nous demandons le respect des lois », la poignée de travailleurs a exprimé son mécontentement. Il s’agit, selon eux, de faire respecter une décision de justice. L’un d’entre eux, Georges, nom d’emprunt, a affirmé que la Cour de cassation a rendu un arrêt qui dit en substance que les 84 agents recrutés  frauduleusement doivent être ramenés à la leur situation initiale avant l’ordonnance qui demandait leur  intégration. Les manifestants qui réclament la tête de leur DG l’accusent de mauvaise gestion et de malversations.

A en croire  Oumarou Ouédrago, porte-parole du comité  CGTB de Ouaga, ce qui se passe depuis 2018 est un acte de corruption et de fraude. « Il y a eu un rebondissement dans l’affaire du recrutement à la CNSS. Lorsqu’il y a eu  le référé de la Cour d’appel intimant l’intégration des 84, nous n’avons pas manifesté parce qu’il s’agissait d’une décision de justice à l’époque. Aujourd’hui une autre décision d’une  institution suprême vient casser la décision de la Cour d’Appel et  le respect de cette décision traine et entraine des conséquences dévastatrices », a-t-il dit.

Après les manifestants, nous avons pu rencontrer le DG de la CNSS, Lassané Savadogo, dans une salle de réunion. Ce dernier s’est entouré d’une dizaine de ces techniciens pour répondre aux questions des hommes de média.

https://soundcloud.com/lobs-numerique/lassane-savadogo-sur-lapplication-de-la-decision-de-justice

Le DG de la CNSS a expliqué que les agents recrutés ont été déployés dans les différents services. « Depuis lors, il y a eu des décès,  des personnes qui sont partis à la retraite. Il n’y a pas eu de nouveau recrutement depuis lors et le manque de personnel est réel. Si nous procédons à une application aveugle de la décision de justice nos services vont être paralysés. On doit prendre des mesures en amont. C’est la Direction générale qui a fait le recours devant la Cour de cassation. Si nous n’étions pas animés de bonne volonté nous ne l’aurions pas fait », a-t-il confié en ajoutant qu’il pensait que la Cour de cassation allait rendre rapidement sa décision, mais elle est rendue deux ans après.

Toujours selon M. Savadogo, mettre à la porte  subitement les agents en question  sans en tirer les conséquences juridiques et  sans veiller à la continuité du service ce n’est pas responsable. «  Au regard de tout cela j’ai demandé au DRH de faire un audit sur les postes occupés par les 84 en tirant les conséquences. Ils sont là-dessus.  J’ai même demandé à mon SG d’anticiper pour que l’on soit prêt avant le jugement. Cela nous permettra d’obtenir des informations. Les agents travaillent  depuis deux ans. Le contentieux sur lequel la Cour de cassation vient de statuer est relatif au recrutement. Si on procède à une rupture de contrat de travail sans avoir mesurer les risques juridiques on va ouvrir un autre champ de contentieux. J’ai saisi des institutions  avisés afin qu’elle nous éclaire sur la conduite à tenir. C’est après cette étape que je serai en mesure d’appliquer cette décision de justice. Nous ne sommes qu’au 19 juillet », a-t-il longuement argumenté.

Aux  croquants qui lui demande de démissionner  parce qu’il a atteint l’âge de la retraite, Lassané Savadogo a  répondu que c’est en conseil de ministres qu’il a été nommé et que c’est à Kossyam que  ces décisions se prennent. «  A n’importe qu’elle moment je suis prêt à m’en aller », a-t-il dit.

lire aussi : Procès en appel recrutement frauduleux à la CNSS : rendez-vous le 6 août

En rappel, le procès du recrutement litigieux de 84 agents en 2018 pour le compte de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a connu son épilogue le lundi 16 novembre 2020 au tribunal de grande instance de Ouaga Après plus de 12 mois d’audiences suivies d’interruption. Des 7 prévenus, 4 ont été relaxés pour infraction non constituée et 3 condamnés. Norbert Zèda, ex-directeur des ressources humaines écope de  30 mois ferme et 5 ans sans exercer dans la fonction publique. Son proche collaborateur, Daniel Sawadogo, chef du personnel au moment des faits, est condamné à 20 mois ferme et 5 ans sans exercer. L’épouse du DRH, Natacha Ouédraogo, elle, s’en tire avec une peine de 12 mois ferme et une amende de 500 000 francs CFA assortie de sursis.

W. Harold Alex Kaboré

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page