Santé

Vaccination contre la covid 19 : quelques jours après, certains agents se tournent littéralement les pouces

Nous voilà de retour au Centre médical urbain de la Patte d’Oie. Comme vous le savez, c’est dans ce CMU que le lancement de la vaccination contre la covid 19 a eu lieu, le 2 juin 2021, avec une ribambelle de personnalités venues recevoir leurs doses d’Astra Zeneca.  En cette matinée du mardi 8 juin 2021, soit une semaine après le début de l’opération, l’affluence semble avoir pris un sacré coup.

Au cours des deux premiers jours, le CMU de la patte d’Oie a vacciné en moyenne 90 personnes par jour

Arrivé au même moment que nous, Omar, qui n’a pas voulu nous en dire plus sur son identité, est venu se faire vacciner. Tout d’abord réticent à répondre à nos questions, il finira par nous lancer cette maxime connue de presque tous : « Mieux vaut prévenir que guérir ». Pour ce commerçant qui voyage beaucoup pour ses affaires, la covid 19 peut toucher tout le monde. Et s’il y a une occasion pour s’en prémunir, elle doit être saisie, surtout que la maladie peut connaitre une explosion, sans oublier les différentes mutations du virus. Pour notre interlocuteur, habillé d’un pantalon de sport, d’un tee-shirt moulant et de basket, il n’y a pas de place pour les supputations et autres rumeurs sur le produit : « Si les Européens avaient voulu nous faire du mal, ils l’auraient fait depuis longtemps car nous recevons tous les jours des vaccins qui viennent de l’étranger » a-t-il affirmé avec conviction.

Pour Etienne Abel Ouédraogo, agent vaccinateur, l’activité n’a pas été préparée

Dans la salle d’attente, nous avons pu compter une vingtaine de personnes qui attendaient ou qui avaient déjà fini de se faire vacciner. Hommes, femmes, jeunes, vieux, Burkinabè, expatriés, bref il y avait plusieurs catégories de personnes, certaines se déplaçant même avec des béquilles. Selon Etienne Abel Ouédraogo, agent vaccinateur, l’affluence a diminué.

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Au cours des deux premiers jours, consacrés respectivement aux lancements national et régional (Centre), le site a reçu en moyenne par jour 90 candidats au vaccin. Ils ont même dû ouvrir jusqu’à 16h., certains jours« Actuellement, on a entre 30 et 40 personnes par jour », a-t-il indiqué, précisant qu’ils travaillent du lundi au vendredi, entre 7h30 et 11h puisque vaccin et chaleur ne font pas bon ménage. Malheureusement, certains continuent d’affluer vers ce CMU après l’arrêt des activités, ce qui représente une difficulté pour les agents de santé qui se disent surpris par une telle affluence, compte tenu surtout des « fake news » qui circulent sur l’Astra Zeneca.

Composée de six agents, parfois moins, l’équipe était insuffisante pour gérer le monde dès les premiers moments. De plus, les infirmiers qu’ils sont, doivent continuer à assurer les gardes, les consultations et autres vaccinations de routine pour les tout-petits. « Ce soir, nous deux nous serons de garde. Nous allons descendre le matin et continuer ici pour la vaccination », a déclaré notre interlocuteur qui ne tardera pas à déplorer un certain nombre de faits : « La réalité c’est que l’activité n’a pas été préparée. Les vaccins sont arrivés et paf, il fallait lancer la campagne. On n’a pas affecté des gens à cette tâche… Il faut colmater ici et là pour le matériel. C’était pareil pour la formation. On m’a appelé un matin à 8h pour me demander d’être à tel endroit pour être formé. Ce n’est pas bon ». L’agent vaccinateur demande aux autorités, pour les prochaines fois, de préparer les choses à l’avance pour le bien de tous.

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Officiellement la campagne a duré quatre jours. Jusqu’ici, le CMU de la Patte d’Oie a enregistré plus de 400 vaccinés. En plus de la cible fixée au départ, elle vaccine désormais, compte tenu de la baisse de l’affluence, toute personne âgée de plus de 25 ans. « A tous ceux qui sont des cibles potentiels, nous les invitons à venir. N’écoutez pas les rumeurs. Nous avons été vaccinés mais jusque-là, on n’a pas eu d’incidents. Si on est bien protégé, ça va arranger le pays car un Etat malade ne se développe pas ». Tel est le message lancé par Etienne Abel Ouédraogo.

A l’hôpital Schiphra, la vaccination contre la covid 19 a commencé le 4 juin dernier. Jusque-là, l’affluence n’est pas terrible. En effet, à notre arrivée sur ce site, aux environs de 11h, nous n’y avons trouvé qu’un seul candidat, le seul d’ailleurs de la journée. Une chance donc pour nous.

Ambiance morose à Schiphra pour ce qui est du vaccin contre la covid 19

Il s’agit de Raymond Papy Dagba, imprimeur à Tanghin. Pour lui, la covid 19, qui a fait beaucoup de dégâts dans le monde entier, mérite d’être prise au sérieux. « Je souhaitais vraiment que l’Afrique ait le vaccin et je suis heureux de constater que c’est aujourd’hui une réalité », a indiqué le président de la commission jeune de football à la Fédération burkinabè de football.

Selon les explications de la responsable du programme élargi de vaccination à l’hôpital Schiphra, Ruth Ilboudo, son équipe a pour le moment reçu 13 personnes alors qu’elle dispose de 320 doses. A son avis, la population ne connait pas bien les différents sites de vaccination. C’est ce qui pourrait expliquer ce climat on ne peut plus morose.

Zalissa Soré

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