Burkina Faso : le MAEP prêche la bonne gouvernance et la souveraineté aux énarques

Le Secrétariat permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) a organisé au profit des élèves fonctionnaires de l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) une conférence publique ce samedi 6 décembre 2025 à Ouagadougou. Les énarques ont été entretenus sur le thème « Gouvernance, souveraineté et développement ».
Après Fada et Bobo-Dioulasso, le Secrétariat permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (SP/MAEP) dépose ses valises à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM). L’objectif est double : d’une part, faire connaître le MAEP et, d’autre part, examiner avec les futurs cadres de l’administration les concepts de gouvernance, de souveraineté, de développement sous le prisme des valeurs endogènes. Qui mieux que l’ambassadeur Seydou Sinka, Dr Kassem Salam Sourwéma et Dr Sali Kouamé Traoré pour éclairer les lanternes des énarques, mobilisés en grand nombre et habillés du Faso Dan Fani ?

Pour l’ambassadeur Seydou Sinka, représentant le ministre des Affaires étrangères, le MAEP, dirigé aujourd’hui par Brahima Ouédraogo, est un instrument d’évaluation de l’état de la gouvernance dans 43 pays africains. C’est en 2003 que le Burkina Faso a adhéré au mécanisme. S’inscrivant dans la vision des Hautes Autorités du pays, le SP s’est engagé à la promotion de la bonne gouvernance basée sur les valeurs endogènes. C’est d’ailleurs dans cette dynamique que des conférences publiques ont été animées à Fada N’Gourma, à Bobo-Dioulasso et aujourd’hui à Ouagadougou.
En disséquant le concept de gouvernance, le Dr en science politique, Kassem Salam Sourwema, a déploré la terminologie de « mal-gouvernance » utilisée abusivement. Pour lui, ce concept n’existe pas. « C’est soit la gouvernance, soit autre chose », a-t-il insisté. Il poursuit en affirmant que lorsqu’on parle de gouvernance, elle n’est ni bonne, ni mauvaise. Et de la définir comme les règles que l’on trouve dans une société, dans une communauté et qui permettent à cette communauté de se maintenir, de se perpétuer. Pour ce qui concerne la souveraineté, plusieurs définitions de plusieurs auteurs ont été servies aux élèves fonctionnaires. L’une d’elles est de dire que la souveraineté ne peut pas être absolue. Dans ce sens, le conférencier en science politique suggère de parler d’autonomie stratégique ou de souveraineté dans tel ou tel secteur, comme la souveraineté énergétique, alimentaire, etc. Ainsi, selon lui, on pourrait dire que le Burkina Faso actuel est souverain à près de 100 % au plan politique, ce qui n’est peut-être pas le cas au niveau numérique ou militaire, par exemple.
Elle, c’est une dame. Dr Sali Kouamé Traoré a tenu en haleine les futurs cadres de l’administration sur la gouvernance économique et la souveraineté. Pour elle, la bonne gouvernance favorise le développement. Et pour que le développement soit durable, le maître de conférences en économie préconise l’inclusivité. Pour elle, il y a des avantages à se maintenir dans l’Union économique et Monétaire ouest africain (UEMOA), mais qu’il contraste avec la souveraineté, puisque appartenir à une communauté suppose qu’il faut se plier aux règles et exigences de cette communauté. Elle a par ailleurs salué les modernisations opérées au niveau de l’administration fiscale. Ces mesures, a-t-elle soutenu, ont permis au Burkina Faso d’être moins dépendant.

Prenant la parole, Josué Kaboré, délégué au bureau des élèves, a salué l’initiative à sa juste valeur. « Je dirai que cette conférence nous a beaucoup édifiés », a-t-il reconnu. Avant de conclure que lui et ses camarades ont tiré beaucoup d’enseignements de cette conférence. « Cela nous sera utile pour notre propre développement et celui de notre pays, le Burkina Faso ».
Camille Baki



