Feuille de route de la Transition : le PM Albert Ouédraogo face aux « Saint Thomas »
Lutte contre le terrorisme et rétablissement de l’intégrité territoriale du pays, résorption de la crise humanitaire, refondation de l’Etat et amélioration de la gouvernance, lutte contre la corruption : tels sont les chantiers prioritaires du gouvernement de transition déclinés ce 4 avril 2022 devant le Parlement par le Premier ministre, Albert Ouédraogo. Dans la présentation de sa feuille de route, le PM a convaincu plus d’un sur parole, mais il y a de nombreux sceptiques, des Saint Thomas qui attendent plutôt des actions, comme l’ont relevé certains députés lors de la séance des questions. Retour sur l’ambiance de cette « journée historique » à l’hémicycle.
Le dévoilement d’une feuille de route par le chef du gouvernement est une prescription de la Charte de la Transition en son article 18. En effet, l’alinéa 2 de cet article indique que « dans un délai de trente jours après la formation du gouvernement, le Premier ministre présente la feuille de route de la Transition devant l’Assemblée législative de Transition ». C’est un peu comme une déclaration de politique générale qu’aurait fait le chef d’un gouvernement issu d’élections. Sauf que là, la déclaration « ne donne pas lieu à un vote », précise l’article 18 de la Charte.
Qu’à cela ne tienne, les députés de la Transition ont répondu nombreux à l’hémicycle pour cet exercice qui relève d’un devoir fondamental de l’exécutif. En tout, 68 parlementaires sur 71 étaient présents. Un nombre qui suffit largement à l’ALT pour examiner son ordre du jour et délibérer.
Mais avant, un préalable s’est imposé, à savoir l’installation du représentant de la région du centre-nord. On se rappelle que cette région avait eu du mal à désigner son porte-voix avant d’y parvenir après la validation des mandats de 70 députés, le 22 mars dernier. Le sociologue et communicateur, Sidnoma Issaka Kaboré a finalement porté l’écharpe sous les acclamations de ses pairs.
Puis, place au discours du chef du gouvernement. Environ trois quarts d’heure ont suffi au patron du gouvernement pour décliner ses grands chantiers. Par-dessus tout, le PM et son équipe s’attèleront à la lutte contre le terrorisme et à la restauration de l’intégrité territoriale. Et Albert Ouédraogo d’annoncer un changement de paradigmes, allant de la diversification des partenaires dans la lutte contre le terrorisme au renforcement de la coordination des dispositifs de renseignement et de veille stratégique au sein du commandement ; œuvrer au retour des personnes déplacées internes dans leurs localités respectives ; juguler la crise alimentaire ; lutter contre la corruption, sont d’autres priorités du gouvernement annoncées par le PM.
Suite à la déclaration du Premier ministre, ce fut le tour des députés de tenir le crachoir. Les uns pour poser des questions d’éclaircissement, les autres pour apporter des suggestions à qui de droit. Dans son speech, le Premier ministre, a repris un appel qu’avait lancé le chef de l’Etat, Paul Henri Damiba, à l’endroit de ceux qui ont pris les armes contre la mère patrie, annonçant la possibilité d’accueillir ces derniers. Certains ont voulu y voir clair : « Est-ce que les conditions sont réunies pour envisager une telle action ? », s’est, par exemple, interrogé un député.
Le PM a-t-il convaincu les parlementaires avec sa feuille de route ? Il y en a qui ont répondu par l’affirmative. Mais à côté des plus optimistes, il y a ceux qui affichent un certain scepticisme, plutôt des Saint Thomas qui ne veulent croire en rien sans avoir vu des actions concrètes sur le terrain, notamment celui de la lutte contre le terrorisme. « Quand j’ai suivi l’exposé, j’ai été rassuré. Mais il n’y a pas que le discours, il y a aussi la mise en application de ce qui est dit. J’ose croire que le chef du gouvernement aura la latitude de mettre en œuvre tout ce qui a été décliné », affirme pour sa part le député Hyacinthe Ouédraogo.
Bernard Kaboré
