Politique

Ce que les Burkinabè attendent du nouveau gouvernement

Au lendemain de la nomination des membres du gouvernement Christophe Joseph Marie II, nous avons recueilli l’assentiment de quelques citoyens à travers un micro-trottoir. Selon certaines des personnes interviewées, « les 33 élus » doivent se mettre rapidement au travail vu les nombreux défis auxquels le pays doit faire face.

-Smockey, artiste chanteur

Quelle appréciation faites vs sur la composition du gouvernement ?

Mieux vaut tard que jamais. Cependant, on était en droit de s’attendre à un grand bouleversement de l’exécutif, étant donné que c’est le dernier mandat du président Roch Marc Christian Kabore et que par conséquent il n’a rien à perdre à jouer à fond la carte du renouvellent du gouvernement. Hélas, ce n’est pas le cas, malgré quelques changements et des fusions opérées pour maintenir le nombre de ministres à 33. On a voulu couper la poire en deux, satisfaire le besoin de « récompenser » des acteurs de ces dernières élections et les critiques légitimes d’un gouvernement pléthorique que le contribuable supporte malgré les réalités du pays profond. Les attentes des populations sont nombreuses, par conséquent, le président doit faire preuve de réalisme et de courage politique. Que les ministres se mettent très rapidement au travail, en évitant les passations de service onéreuses et laborieuses. Ce sont les actes concrets qu’ils poseront qui permettront aux citoyens que nous sommes de pouvoir apprécier ou non la justesse de leur choix, et non la supposée côte de popularité de telle ou telle personnalité. Au travail donc.

Ce gouvernement pourra-t-il résoudre les problèmes de l’heure ?

Maître Sankara pour une première fois est nommé ministre en charge des questions urbaines et de l’habitat. Il a pour une fois l’occasion de mettre en pratique les politiques sociales et novatrices de Thomas Sankara dont il se réclame l’admirateur, dans ce domaine. Attendons de voir. Zéphyrin Diabré quant à lui hérite du dossier dit épineux de la réconciliation. Pour une majorité de Burkinabè, les populations n’ont jamais été en bagarre. Si la réconciliation nationale doit être un camouflet pour l’impunité, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. L’éviction de   » Monsieur charbon fin » semble être un bon augure pour la lutte pour la bonne gouvernance. Quant au département de la Culture, et pour ne citer que cet exemple, il échoit à une dame qui, ma foi, est une parfaite inconnue pour moi, je m’en tiendrai donc à l’analyse de ses actes, car ce secteur porte- flambeau de notre pays souffre particulièrement de cette crise de la covid-19 et a besoin de décisions chocs et salvatrices en plus d’un investissement conséquent dans la production. Et cette mission simple, mais fondamentale, peu de ministres l’ont réussie jusqu’ici, sans parler du budget ridicule qui est alloué à ce département.

Zéphirin Diabré rejoint la majorité présidentielle. Qu’en pensez-vous ?

Je dois dire que pour un simple analyste des réalités politiques de notre pays, ce n’est pas une grosse surprise. On voyait venir ce révirement avec ce sujet de réconciliation nationale dont il s’était fait le « vrp », repris aussi à plusieurs reprises par le président. En plus de l’évolution régressive de ses points dans la répartition des votes, quel meilleur signe de volonté de réconciliation que de tenter de réunir opposition et majorité ? C’est une bonne chose en soi, mais ce qui a l’air facile pourrait se retourner contre le nouveau ministre si le triptyque vérité – justice et réconciliation n’est pas respecté dans son ordre classique. Marcher sur les deux premiers pourrait très vite aggraver le problème plutôt que de le solutionner. Il appartient aux seules familles des victimes et aux victimes elles-mêmes, en dernier recours, au peuple, d’accorder son pardon aux anciens bourreaux qui auraient fait leur sincère mea culpa. La justice peut ou pas être clémente mais elle a l’obligation de se faire si on veut une fois pour toute, éliminer les fantômes nauséabonds du passé.

-Jean Brice Arnaud Bamouni, administrateur d’entreprise

Le nouvel exécutif sera-t-il à la hauteur des ambitions  de progrès du Burkina ?

Dans notre situation ce n’est pas ce gouvernement qu’il nous faut. Absolument pas. Nous ferons encore du surplace comme le mandat passé.  Je n’attends plus rien de ce MPP. C’est la corruption et l’amateurisme à son paroxysme qui nous attendent. L’indépendance de la justice que tout le monde recherche tant ne se décrète pas, il faut juste des gens intègres sinon c’est juste du bruit pour rien. Que doit-on attendre encore du gouvernement ?

Que pensez-vous du choix de Zéphirin Diabré qui a rejoint la mouvance ?

La formation de l’exécutif a pris du temps et cela est dû sans doute aux modalités d’entrée de Zéphirin Diabré dans le gouvernement. Il fallait des négociations, semble-t-il. J’aurai préféré que l’ancien chef de file de l’opposition soit nommé haut représentant chargé de la réconciliation au lieu de ministre d’Etat dans un gouvernement.

Jean Hubert Bazié, président de la Coalition des forces démocratiques pour un vrai changement.

Propos recueillis par

W . Harold Alex Kaboré

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