La chronique de Bernard Kaboré

TGI Ouaga 1 : 12 mois ferme contre le commerçant qui a volé pour financer son mariage

Prévenu pour vol d’une moto qu’il voulait vendre pour pouvoir financer le mariage avec sa dulcinée, Abdoul, un commerçant de 35 ans, s’est retrouvé devant les juges du Tribunal de grande instance de Ouaga 1, le 15 juin 2021. Reconnu coupable, il a été condamné à 12 mois de prison ferme.

Comme bien de jeunes de son âge, Abdoul, 35 ans, rêve d’une parfaite vie conjugale. Il a trouvé l’âme sœur. Avec cette dernière, il file le parfait amour. En gros, tout va bien entre les deux tourtereaux. Mais il manque tout de même une petite chose pour faire le grand bonheur du couple concubin : le mariage, sans lequel tout lui parait infirme.

Hélas ! Abdoul a la bourse plate. Commerçant, ses affaires trainent du pied. Ce n’est pas non plus la pleine forme financière chez la ‘’future’’ mariée. Qu’importe d’ailleurs! La société burkinabè enseigne que c’est à l’homme qu’incombe plus la responsabilité  de trouver de quoi organiser le mariage.

Et voilà Abdoul dans le pétrin ! Il ne sait que faire. Emprunter de l’argent à un ami ? Non, s’est-il dit peut-être car, pas sûr de pouvoir rembourser à temps. Demander l’aide financière d’un proche ? Ce ne serait pas non plus responsable de sa part, a-t-il sans doute pensé. Attendre encore des mois ou des années d’économie incertaines? Mauvaise option puisqu’elle pourrait buter contre l’impatience de sa moitié. Dilemme.

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Mais que faire finalement ? Les nuits d’insomnies ont porté conseil. Pour avoir la bourse solide, Abdoul fera ce qu’il n’a jamais fait de toute sa vie. Oui. Quelque chose qui ne lui prendra pas le temps de l’éternité. Quelque chose qui lui rapportera gros en un temps deux mouvements.

Abdoul s’est résolu à voler. Que voler ? Quelque chose qui lui rapportera près d’un million de F CFA, suffisant pour un mariage digne du nom. C’est ainsi qu’un soir d’avril 2021, il s’est rendu au marché de Pouytenga. Sans doute après une visite infructueuse au parking du marché il s’est rendu à une mosquée située à un jet de pierre. Il était presque 20 heures. Un homme venait juste de garer sa moto de type scooter. Le temps de prier Allah dans Sa maison et reprendre l’engin, belle fut l’occasion pour le larron. Abdoul a dérobé la moto. Le proprio a vite fait de déclarer la perte. Et à peine liquidée la moto a été retrouvée par la police qui a par ailleurs mis la main sur Abdoul.

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Dans un t-shirt bleu marin et un pantalon kaki, c’est un Abdoul serein et constant qui s’est présenté devant les juges du Tribunal de grande instance de Ouaga 1. En clair, il n’a pas nié les faits de vol à lui reprochés. Contre le commerçant, le procureur a requis 60 mois de prisons dont 12 ferme et une amende d’un million de F CFA. En réaction à ces réquisitions, le prévenu a demandé la clémence des juges qui, finalement, l’ont condamné à 12 mois de prison ferme et une amende d’un million de  F CFA assortie de sursis.

Nul doute qu’à ce moment précis à la barre, Abdoul venait d’être picoté par un brin de regret. Car au nom de l’amour, ce « coquin prêt à tout pour arriver à ses fins », selon un proverbe danois, il passera 12 mois en tôle. En ce moment encore, il avait tous les arguments du monde pour contredire l’écrivain québécois, Daniel Desbiens qui disait que « l’amour ne doit pas se donner au compte-gouttes mais en surdoses », gage de « la maturité et du bonheur ».

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Une fois en prison, il ruminera certainement ces mots du juge à lui adressés quand il quittait la barre : « Lorsqu’on veut financer son mariage, on trouve autre chose à faire que de voler. Vous auriez pu éviter ce temps que vous passerez derrière les barreaux ». Trop tard !

Bernard Kaboré

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